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À L'OMBRE DU HAMAC !

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

20 septembre 2024


Non d’un coup de vent en pleine tempête ! Je suis épuisé comme un marin qui a fait des galipettes dans le noir ! Les marches incessantes, les canaux à traverser, et ces ruelles qui vous font tourner en bourrique, c'est le summum de la déroute ! La boussole du vieux loup de mer à terre est complètement perdue et ne parle plus qu'en swahili ! Quatre jours à arpenter cette ville labyrinthique, et me voilà à réclamer une trêve : une sieste de rêve dans mon hamac, bercé par les vagues d’un fond de cale aussi frais qu’un mojito. Même l’idée de retrouver les ronflements de Long John Silver, notre ancien pirate à la voix d’éléphant en pleine crise de sinusite, ne me fait plus peur. Je suis tellement éreinté par la marche que je voudrais me poser les pieds en éventail, tout en écoutant les chansons de marin que mon perroquet, le dénommé Roudoudou le Pirate, me siffle avec la grâce d’un poulet en rut !

 

Bon, depuis des lustres, les navires ne peuvent plus traverser le Canale della Guidecca, alors nous avons dû parquer notre galion à la Bacina della Stazione Maritima, c'est-à-dire au bout du monde ! De Castello, je me vois mal faire le tour du globe juste pour rentrer chez moi !

 

Alors, me voilà décidé à flâner comme un chat paresseux dans le quartier. Écouter les marchands de légumes discuter en vénitien comme s'ils lançaient des fléchettes de tomates, et voir la vie de quartier battre son plein. La via Garibaldi, c’est la rue la plus large de Venise, une véritable autoroute vénitienne, qui se trouve à l’opposé de la piazzale Roma. C'est l'un des rares endroits où les rollers et les vélos surgissent comme des pirates jaillissant d’une bouteille de rhum, entraînant des enfants dans un tourbillon de joie de vivre et de vitesse terrestre.

 

Ici vivent encore de vrais Vénitiens, et vous trouverez des marchands de légumes, des boulangers, des coiffeurs, des restaurants, une quincaillerie et plein d'autres endroits qui vous mettent du baume au cœur. Pour les amateurs de foot, c'est le chemin obligé pour se rendre au stade, comme une quête pour trouver le Saint Graal des tribunes !

 

Il y a un mélange de douceur et de vie effervescente qui danse la tarentelle dans une harmonie bienveillante. C'est avec plaisir, et un brin d'ironie, que durant cette journée hors de la Biennale, je me laisse bercer par le flot des discussions en italien, qui me parviennent comme une mélodie enchanteresse.

 

Depuis que nous avons repris quelques cours d'italien la semaine dernière, nous avons commencé à comprendre cette langue musicale et à échanger avec les habitants. Notre italien est encore aussi raffiné qu'un plat de pâtes trop cuit, mais c'est agréable de commencer à parler sans utiliser des gestes aussi exagérés que ceux d'un mime déjanté.

 

Après cette plongée dans la douceur, et avant de glisser tête la première dans le tourbillon de ce week-end à la Biennale, me voilà de retour dans mon appartement de fortune. Je dois me préparer pour la semaine prochaine, qui s’annonce aussi chargée qu’un bateau de pirates en quête de trésor, avec notre retour à Pavie et les nouveaux échanges avec Francesco Nardelli et son équipe.

 

Je vais rencontrer, entre autres, une costumière qu'il voulait me présenter et bien entendu sa directrice de production. Je suis impatient de voir comment ils fonctionnent. La vie d’un opéra est toujours une aventure extraordinaire, comme une chasse au trésor avec des tempêtes et des monstres marins. Cela va être passionnant ! Je suis pressé de lui raconter toutes mes péripéties culturelles depuis notre dernière rencontre.

 

Après notre première entrevue, j'ai commencé, grâce à ses conseils, la lecture de Don Quichotte de Cervantès et écouté l’Opéra de Massenet. Je suis resté sans voix face à la beauté musicale de l'œuvre, un grand moment. J’ai trouvé le livret un peu faible, comme un pirate sans sabre, mais la composition est magnifique. J’envisage même d'apprendre à Roudoudou le thème du début du troisième acte. Une sorte de balade nostalgique qui me rappelle les grands moments d'observation sur le pont de mon rafiot, en mode solitaire avec coucher de soleil en bonus. Mais bon, restons concentrés, préparons, préparons, préparons...

Ma table déborde, ma tête risque d'exploser comme un canon en pleine bataille, je pense que cette fois-ci, je dois vraiment accepter de me reposer. Sous le regard attendri de la charmante demoiselle qui arbore fièrement ses places de la Biennale d’Art Contemporain sur son chapeau, je ferme mon ordinateur et, par tous les diables de l’océan, je vais enfin me relaxer !



 

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