[ALL THE BEAUTY IN THE WORLD]
Baudelaire et les voyages
Si l’on met à part le voyage en mer qu’il fit à vingt ans jusqu’à l’île Bourbon (l’actuelle île de la Réunion), Baudelaire n’a pas voyagé. Il n’a passé qu’une seule fois la frontière en Europe, en avril 1864, pour rejoindre Bruxelles, puis il la repasse pour rentrer à Paris en juin 1866. Baudelaire ne croyait pas aux vertus du dépaysement. Pour lui, il n’y a qu’un voyage, c’est celui qui fait passer de la vie à la mort.
D’ailleurs, pourquoi partir loin, quand les poèmes des Fleurs du mal suffisent à apaiser notre soif d’exotisme ?
L’Invitation au Voyage
Charles Baudelaire
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Le portrait
de Dorian Gray,
un roman d’Oscar Wilde
Dans le premier chapitre, nous rencontrons Basil Hallward et l’un de ses amis, Lord Henry Wotton, qui est décrit comme un homme élégant et cynique. Ce dernier admire le dernier portrait que Basil est en train de peindre, celui d’un jeune homme séduisant appelé Dorian Gray. La beauté du garçon et la qualité de sa peinture attirent l’attention de Lord Henry, qui encourage son ami à l’exposer dans sa galerie. Dans le deuxième chapitre, nous faisons la connaissance de Dorian Gray, un jeune homme dont la beauté fascine et obsède Basil. Dans le troisième chapitre, nous en apprenons plus sur l’histoire de Dorian grâce aux enquêtes menées par Lord Henry. Dorian est apparemment le fils de la fille de Lord Kelso, qui s’est enfuie, s’est mariée et a donné naissance à un fils (Dorian) avec un homme de classe inférieure. Lord Kelso est si fou de rage qu’il a décidé de mettre fin à la vie de son gendre. La relation entre Dorian et Lord Henry se resserre. Ils font de nombreux projets ensemble. Le garçon fait totalement confiance à son mentor et n’hésite donc pas à lui dire qu’il est amoureux d’une actrice de théâtre nommée Sibyl Vane. Hélas, son amour pour lui l’empêche de jouer aussi bien qu’autrefois. Dorian est déçu et la quitte : elle se suicide. Il s’aperçoit alors qu’une expression de cruauté s’est inscrite sur les traits de son portrait : il comprend que le tableau a commencé à exprimer les vices qui envahissent le jeune homme, cependant que ses traits à lui demeurent purs. Dorian emmène Basil au grenier, où il lui montre le célèbre portrait qu’il a lui-même peint. Basil est horrifié, incapable de croire qu’il s’agit du portrait original. Cependant, il n’a plus aucun doute lorsqu’il voit sa signature. Il exhorte alors Dorian à se repentir afin de purifier son âme. Mais Dorian n’est plus capable d’être bon et il tue le peintre. Dans le dernier chapitre, exaspéré par ses crimes, Dorian Gray décide de détruire le tableau. Aussi, il prend un couteau et le poignarde.
« Quand ils entrèrent, ils trouvèrent, pendu au mur, un splendide portrait de leur maître tel qu’ils l’avaient toujours connu, dans toute la splendeur de son exquise jeunesse et de sa beauté. Gisant sur le plancher, était un homme mort, en habit de soirée, un poignard au cœur !… Son visage était flétri, ridé, repoussant !… Ce ne fut qu’à ses bagues qu’ils purent reconnaître qui il était… »
Sganarelle :
la bourse
et la mort
Don Juan, pécheur endurci qui refuse de se repentir, est, dans le dénouement de la pièce de Molière, envoyé en enfer… sans avoir eu le temps de payer son valet. Comment s’étonner, ensuite, que Sganarelle ne pense qu’à l’argent ?
DON JUAN.
Ô Ciel ! Que sens-je ? Un feu invisible me brûle, je n'en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent. Ah !
Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Don Juan ; la terre s'ouvre et l'abîme ; et il sort de grands feux de l'endroit où il est tombé.
SGANARELLE.
Ah ! Mes gages ! Mes gages ! Voilà par sa mort un chacun satisfait. Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content ; il n'y a que moi seul de malheureux, qui, après tant d'années de service, n'ai point d'autre récompense que de voir à mes yeux l'impiété de mon maître punie par le plus épouvantable châtiment du monde. Mes gages ! Mes gages ! Mes gages !