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ENTRE PASSION ET DERAISON

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

27 septembre 2024



Les théâtres de Lombardie - Théâtre Social de Côme (Como CO) · Grand Théâtre de Brescia (Brescia) · Théâtre Amilcare Ponchielli de Crémone (Cremona)


PARTIE 4


L’aventure reprend au cœur du théâtre, cette fois-ci sous un angle résolument technique, mais toujours aussi rocambolesque et empreint d’un lyrisme déjanté. Imagine une journée brumeuse à l’italienne – la lumière filtre à travers des rideaux de velours fatigués, des cordages enchevêtrés pendent des cintres, et dans ce décor à mi-chemin entre un vaisseau pirate et une machine de guerre romaine, nous pénétrons dans l'antre du génie technique : Marco Boraso. Un homme au regard d’aigle, avec des mains marquées par mille aventures scéniques, capable de suspendre une galaxie de lumières avec la même aisance qu’il pourrait arranger un rideau. Il respire l’opéra.

 

Et nous voilà plongés dans une discussion aussi trépidante qu’une scène de La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino. Marco nous raconte les secrets de son théâtre avec une passion volcanique : « Cinque atti in quindici giorni ! » (Cinq actes en 15 jours) s’exclame-t-il avec une ferveur presque démente, comme s’il s’apprêtait à diriger une armada de techniciens prêts à l’assaut.

 

Il nous parle des autres opéras en Lombardie où ils espèrent présenter Don Quichotte, et c’est là que l’aventure prend une tournure quasi-épique. Trois opéras, trois univers techniques différents, et eux, avec une équipe humaine réduite à l’essentiel. On échange des regards, mi intrigués, mi effrayés : Comment font-ils ? Une potion magique, peut-être, infusée directement dans les circuits électriques. Ou bien une sorte de rituel séculaire où les techniciens invoquent des déités du théâtre avant chaque lever de rideau ?

 

Marco nous détaille les spécificités de chaque lieu, et l’on se rend compte qu’il ne s’agit pas de simples opéras, mais de vaisseaux amiraux prêts à conquérir des mondes imaginaires. Leur manière de bâtir des productions ? Un art de la débrouille digne des plus grands artificiers italiens, ceux qui autrefois arrivaient sur scène avec trois planches, quatre clous et un bout de toile pour ériger des cathédrales scéniques en un claquement de doigts. Leur passion ? Dévorante, irradiant comme une supernova en pleine explosion.

 

« Qu’est-ce qu’ils prennent ici, dans ce théâtre ? » chuchotons-nous, tout en observant cette énergie délirante autour de nous. Ce ne sont pas des humains, c’est sûr, ce sont des alchimistes.

 

Et puis, il y a ces moments de poésie dans la technique – oui, c’est possible. Par exemple, quand Marco parle du montage des décors, c’est comme s’il nous décrivait une odyssée. Tout commence par des battants de bois glissés en catimini sur scène, à la manière des anciens charpentiers du théâtre, puis des toiles tendues comme des voiles prêtes à capter les rêves flottants dans l’air. Chaque geste est précis, chaque guinde tirée est une note dans une symphonie discrète mais sublime. Il ne manque plus que la musique de Nino Rota en fond pour couronner le tableau.

 

Et là, tandis que Marco s’échauffe en parlant des machines à brouillard, des ponts roulants et des trappes secrètes sous la scène, on sent que cet homme serait prêt à déplacer des montagnes, littéralement. D’un geste théâtral, il montre un plan où la scène est presque devenue un champ de bataille fantastique, où chaque élément de décor est un personnage à part entière. Une forêt de panneaux qui s’élèvent majestueusement, des cieux peints qui tournent comme des cieux vénitiens sur une gondole flottante.

 

Et au milieu de tout ça, nous, un peu étourdis, nous nous sentons embarqués dans une épopée. Le décor se construit sous nos yeux comme dans un film de Fellini, une aventure humaine à grande échelle, où chaque pièce s’emboîte, chaque câble trouve sa place. On imagine des techniciens en costumes de gladiateurs modernes, leurs marteaux comme des épées, luttant contre l’impossible pour faire naître des rêves tangibles. La sueur coule, mais c’est une sueur sacrée, la matière première de la magie du théâtre.

 

Et lorsque Marco termine son discours en nous offrant un sourire fatigué mais triomphal, on se demande vraiment s’il n’a pas un petit peu de Don Quichotte en lui, ce chevalier des planches, prêt à affronter toutes les impossibilités techniques pour construire des châteaux en Espagne – ou en Lombardie.

C’est bien plus qu’un travail, c’est une quête. Ils ne construisent pas des décors, ils bâtissent des rêves, brique par brique, planche par planche.


 

 

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