top of page

DANS L'ATELIER DES REVES

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

27 septembre 2024





PARTIE 2


Nous venions à peine de survivre à l’apocalypse des chasseurs lombards, avec leurs fusils à canons sciés, leurs bottes qui claquaient sur les pavés, et leur chant de guerre improvisé à la gloire de la Grande Battue de Pavia. Ces guerriers implacables ne traquaient pas les loups, non, ni même les renards : leur cible était Roudoudou, ce maudit perroquet jaloux, qui s’était infiltré dans nos vies comme un agent double en mission de sabotage.

 

Les rues de Pavia respiraient enfin, le calme revenait après la tempête. Et nous, l’esprit encore légèrement secoué par le spectacle absurde de cette armée volante à plumes, marchions à grands pas vers le théâtre. Nous avions un rendez-vous avec la fine fleur des coulisses, les faiseurs d’ombre et de lumière, les maîtres invisibles des rêves : Saria Vailati, la grande prêtresse de la production, et Marco Boraso, le seigneur des câbles et des décors suspendus.

 

Le théâtre, ce monde que je connaissais bien, me faisait toujours vibrer. J’avais passé tant d’années à arpenter les coulisses, à soulever des décors, à jouer avec des faisceaux de lumière comme un magicien électrique. Ah, ces années de machiniste, c’était toute une épopée : un parcours de funambule entre le rideau rouge des Folies Bergères et les cordages du Palais Royal, en passant par les festivals avec des artistes de légende. Nougaro, cet amoureux des mots, ou encore Miles Davis, avec son souffle qui semblait capter l’éternité, sans oublier Enrico Macias et ses airs ensoleillés. Une époque où je dansais presque avec les câbles et les projecteurs, chef d’orchestre invisible de la lumière et des décors. Deux ans avec ma propre société de lumière, "Papillon de Lumière", je jonglais avec les ombres comme un peintre fou.

 

Je glissais quelques anecdotes sur ces années-là à mes compagnons, une lueur nostalgique dans les yeux, tout en laissant volontairement de côté les galères des régisseurs de dernière minute, quand les décors refusent obstinément de tenir debout, ou les câbles se transforment en serpents récalcitrants. Mais au fond, j’adorais ça. C’est peut-être pour ça que je chantonnais, un air que je composais secrètement, en pensant à mon prochain acte de vengeance contre ce maudit Roudoudou.

 

Je le voyais déjà, exilé sur une île perdue, criant à la lune ses complaintes de perroquet incompris, alors que moi, je m’avançais vers mon triomphe. Je sifflotais joyeusement, presque en transe, imaginant des paroles acerbes, tranchantes comme une épée :

 

-       Roudoudou, traître à plumes, tu as semé le trouble, mais bientôt viendra l'heure de ta chute... Ah, toi qui voles, tu tomberas.

 

Mes compagnons, intrigués par ma mine espiègle, me demandaient ce que je marmonnais tout bas. Mais dans un sourire malicieux, je me contentais de hausser les épaules et de continuer à avancer, le cœur léger, mes plans de revanche en gestation. Un air de comédie italienne flottait dans l’air, presque digne d’un film de Dino Risi. Nous étions des acteurs dans un scénario improvisé, et la prochaine scène se jouait au théâtre, avec des décors plus vrais que nature et des dialogues qui allaient sûrement nous surprendre.

 

Roudoudou pouvait bien comploter dans son coin, rien ne pourrait troubler l’excitation de ce moment.


 

Comments


Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Instagram
Logo lezards RD.png

© 2017 par SD 
Créé avec Wix.com

6 ter avenue jouandin

BP 710

64100 Bayonne

05 59 50 36 60

  • Youtube
  • Icône social Instagram
  • Facebook Social Icon

Soutenue au fonctionnement par la Ville de Bayonne . le Département 64 . la Région Nouvelle Aquitaine . Habitat Sud Atlantic . Donateurs privés

bottom of page