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DIEU CREA LE VATICAN, ZAHA HADID CREA L'AVENIR

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

7 septembre 2024 / Chapitre 2




Après cette matinée surréaliste au Vatican, je ressors, un sourire à peine esquissé sous ma moustache d'anarchiste. Les cloches résonnent derrière moi, mais dans ma tête, c'est autre chose qui résonne : Étienne Daho, encore et toujours. Sauf que, cette fois, je revisite son "Week-end à Rome" à ma sauce, avec un air de rébellion artistique. Les pavés de Rome claquent sous mes pas, et je fredonne, l'esprit vagabond, les paroles transformées, tout en m'éloignant des saints et des chapelles vers une nouvelle aventure artistique, une promesse d'évasion.

 

Week-end à Rome,

J’abandonne les vieilles icônes,

Je largue les amarres de cette prison,

Ton trésor,

Une chasse aux toiles sacrées,

Les religieux m’empoisonnent,

Mais l’art moderne me libère.

 

Loin des dorures du Vatican, nous nous mettons en marche. Mon esprit vagabonde déjà vers notre prochaine destination, et mes pas nous guident à travers les quartiers populaires de Rome, ces coins oubliés du tourisme de masse où la vie bat son plein. Nous sommes en quête d’un nouveau Graal : le MAXXI, ce temple de la modernité qui brille au milieu de la ville éternelle.

 

La traversée qui nous y mène ressemble à une épopée moderne, un peu folle, un peu bancale, mais terriblement humaine. Nous passons par des ruelles où le linge pend aux fenêtres, où les enfants jouent au ballon avec des rires qui résonnent contre les murs, où les vieilles dames sur leurs balcons nous regardent passer avec un regard curieux. Chaque coin de rue nous raconte une nouvelle histoire, et c’est comme si les murs eux-mêmes murmuraient les souvenirs de Rome.

 

Nous traversons le Flaminio, un quartier qui, autrefois, n’était qu’un modeste bout de Rome, sans prétention, mais qui a connu une transformation spectaculaire. C’est ici que se dresse le MAXXI — le Museo nazionale delle arti del XXI secolo— construit sur les cendres d’un passé ouvrier, où la vie était rythmée par la mécanique des industries.

 

Ce quartier a été conçu pour les Jeux Olympiques de 1960. Oui, autrefois, il n’était qu’un vaste chantier, une promesse d’avenir, un rêve olympique gravé dans le béton. Mais les années ont passé, et la ferveur sportive s’est dissipée, laissant la place à une autre forme de rêve : celui de l’art contemporain. Le MAXXI est né de cette volonté de réinventer, de transformer, de donner une nouvelle vie à ces lieux autrefois oubliés.

 

Et quel musée ! Un ovni architectural, signé par la célèbre Zaha Hadid, cette visionnaire qui a su réinterpréter la forme des bâtiments comme personne d’autre. L’architecte irako-britannique a dessiné le MAXXI comme un fleuve de béton et de verre, fluide et organique, s'intégrant au tissu urbain tout en le transcendant. Zaha Hadid, une pionnière dans l’art de courber l’espace, de le rendre malléable comme de l’argile. Son génie ? Avoir créé un musée qui n’est pas simplement un bâtiment, mais une expérience. Les murs semblent s’enrouler sur eux-mêmes, les couloirs se déploient comme des vagues, et chaque salle est une plongée dans un univers différent, un saut dans le vide de la contemporanéité.

 

À l’intérieur, l’architecture signée semble être vivante. Les courbes fluides des murs nous guident naturellement d’une œuvre à l’autre, comme si le bâtiment lui-même nous murmurait à l’oreille : "Suis-moi, je te promets quelque chose d’incroyable." Et il n’a pas tort. Chaque coin, chaque recoin du musée devient une scène où se joue une rencontre entre l’art et l’humain.

 

Nous pénétrons dans des installations où les frontières se brouillent : est-ce encore de l’art ou sommes-nous en train de passer de l’autre côté du miroir ? On est happés, pris dans cette fusion entre espace et perception, entre technologie et poésie visuelle. Bienvenue dans le futur, version immersive. Le tout est à la fois fascinant et un brin déroutant, comme si Zaha Hadid elle-même nous observait, fière de ce chaos organisé.

 

Et parlons des artistes ! D’un geste léger mais déterminé, elles détruisent les conventions et transforment l’espace. Prenez Judy Chicago, par exemple, qui nous ramène à ses travaux des années 70 : féministe, engagé, puissant. Ou encore Pipilotti Rist, dont les œuvres nous inondent de couleurs et de sons, créant des univers parallèles où l’on aimerait s’attarder un peu plus. Micol Assaël nous plonge dans des environnements où l’énergie brute côtoie la contemplation pure. Quant à Monica Bonvicini, elle nous rappelle que l’architecture peut aussi être un terrain de jeu politique et conceptuel.

 

L’exposition, intitulée Inside Other Spaces, s’étend des années 50 aux années 2010, marquant chaque décennie par un coup de pinceau, un néon ou un écran, soulignant l’évolution de l’art environnemental porté par ces femmes. Une épopée artistique qui nous fait traverser le temps sans pour autant perdre le fil de la modernité. Le Vatican, lui, peut bien attendre. Aujourd'hui, ce sont les femmes qui dominent le jeu, et elles n’ont besoin ni de fresques, ni de dorures pour impressionner.

 

Le point culminant ? C’est cette capacité qu’ont ces œuvres à nous faire réfléchir sur notre propre rapport à l’espace. Ici, on ne se contente pas de regarder, on participe. On circule entre des installations qui défient la gravité, jouent avec la lumière, amplifient le son de nos pas. Une véritable expérience sensorielle qui pourrait donner le tournis si elle n’était pas si magnifiquement orchestrée.

 

Pendant un instant, on se dit que cette exposition est une révolte douce contre l’ordre établi. Pas de crucifixion ici, juste des questions sans réponses immédiates. Pourquoi l’art doit-il être confiné à des cadres ? Pourquoi le spectateur devrait-il rester passif ? Pourquoi ne pas réinventer l’espace lui-même ?

 

Alors que nous sortons du Musée, le soleil commence à décliner, baignant Rome dans une lumière dorée. L’air est doux, et je me sens transformé. Oui, c’est ça, l’art moderne : une transformation perpétuelle, un appel à la liberté. Et alors que je m’éloigne de ce temple de la modernité, je fredonne à nouveau, dans un élan lyrique, ma nouvelle version de "Week-end à Rome".

 

Et là, dans cette envolée poétique, je réalise que ce voyage à travers Rome, de la sacralité à la modernité, est bien plus qu’une simple déambulation : c’est une véritable épopée, un saut dans le vide entre passé et futur, entre tradition et innovation. Une aventure humaine et artistique, où chaque pas est une révolution.

 


 

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