IL CASO DEL VOLATILE SABOTATORE A PAVIA
L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !
Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC
25 septembre 2024
CHAPITRE 2
Nous avançons dans la lumière dorée du crépuscule, longeant des bâtiments aux façades ocre et rosées, leurs balcons en fer forgé retenant les dernières caresses du soleil. Les pavés irréguliers sous nos pieds nous guidaient doucement vers le centre historique, comme une caméra qui zoomerait lentement sur deux protagonistes, prêts à vivre un tournant décisif dans leur aventure.
À chaque coin de rue, une scène digne d’un tableau : la Basilique de San Michele Maggiore s'élevait fièrement devant nous, ses détails romans se découpant sous un ciel lavande. Puis, en traversant la Piazza della Vittoria, nous fûmes accueillis par l’imposante silhouette de la Cathédrale de Pavie, son dôme se dressant comme un acteur majeur sur la scène de cette ville intemporelle.
« Guarda che spettacolo... » souffla mon compagnon, levant les yeux vers les bâtiments. (Regarde ce spectacle...)
Je ne pus qu’acquiescer. Mais déjà nos pensées s’envolaient vers le lendemain, vers cette rencontre cruciale qui pourrait changer notre trajectoire artistique.
En atteignant via Giuseppe Franck 13, l’appartement fut un véritable refuge. Nous déposâmes nos affaires, et après une brève pause, la faim commença à nous titiller. L’Hostaria il Cupolone, recommandée par des passants, semblait parfaite. À peine installés, nous commandâmes un festin : un risotto crémeux aux champignons sauvages, des tagliatelles fraîches aux truffes, le tout arrosé d’un Barbera di Pavia qui ne manqua pas d’accentuer notre euphorie. Mais ce n’était pas seulement le vin qui nous faisait sourire.
« E domani... il direttore dell'opera ci aspetta, » dis-je, en prenant une gorgée de vin.
(Et demain… le directeur de l’opéra nous attend.)
« Francesco Nardelli. Un maestro della cultura musicale... » continuai-je, rêvant déjà au nouvel échange. « E il direttore d'orchestra, Jacopo Brusa se solo riuscissimo a collaborare con loro, immagina cosa potremmo creare... » (Francesco Nardelli. Un maître de la culture musicale… Et le chef d'orchestre, Jacopo Brusa. Si seulement nous parvenions à collaborer avec eux, imagine ce que nous pourrions créer...")
Je laissai mon imagination vagabonder. Une production d’opéra audacieuse avec Don Quichotte de Massenet dont ils nous ont déjà parlé, où l’ancien se mêlerait au nouveau, où notre sensibilité cinématographique rencontrerait l’élégance de la musique classique. Peut-être un projet qui marquerait un tournant dans notre histoire italienne. Un rêve, certes, mais les rêves, à Pavie, semblaient presque tangibles.
« Speriamo solo che Roudoudou non si presenti a rovinare tutto, » plaisantai-je, en riant de bon cœur. (Espérons juste que Roudoudou ne se pointe pas pour tout gâcher.)
« Ah, quello... se ne sarà già dimenticato, » répondit mon compagnon de route. « Ma potremmo sempre l'invitare come prima donna... » (Ah, celui-là… Il aura sûrement déjà oublié. Mais on pourrait toujours l’inviter comme prima donna...)
Le dîner se poursuivit dans cette légèreté, à la fois excités par nos projets du lendemain et amusés par la folie que Roudoudou avait laissée derrière lui.
Mais à la sortie du restaurant, la réalité reprit un tour rocambolesque. Les ruelles de Pavie, que nous avions traversées paisiblement quelques heures plus tôt, avaient pris un air étrange. Partout, collées sur les murs, les portes des magasins, même sur les bancs publics, des affiches. D’abord une, puis deux, puis une myriade, toutes criant un message qui nous plongea dans un éclat de rire incontrôlable.
« Ricercato : Pappagallo Sabotatore ! Pericoloso ! Ricompensa : 10.000 euro ! »
Roudoudou. Sur chaque affiche, son bec ouvert dans un cri de défi, les plumes en bataille, comme un vieux hors-la-loi du Far West. Mais le plus surprenant était le détail absurde de la récompense. Dix mille euros. Pour un perroquet saboteur. Les chasseurs lombards avaient mis le paquet, et visiblement, la ville tout entière avait pris l’affaire à cœur.
« Diecimila euro ? Per quel delinquente pennuto ? » dis-je en secouant la tête, encore incrédule. (Dix mille euros ? Pour ce criminel à plumes ?)
« Forse possiamo denunciarlo noi stessi... sarebbe un ottimo affare, » répondit-il, avec un sourire en coin. (Peut-être devrions-nous le dénoncer nous-mêmes… ce serait une bonne affaire.)
Nous continuâmes à marcher, en scrutant les affiches comme si nous étions les seuls à connaître la véritable nature de ce « bandit ». La scène prenait des allures de comédie, et dans l’absurdité la plus totale, nous nous imaginions déjà en chasseurs de primes, traquant notre propre perroquet dans les recoins de Pavie, une ville devenue théâtre d’un étrange drame ornithologique.
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