NAVIGUER ENTRE DEUX PORTS

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de Kristian FREDRIC

30 AOUT 2024

Ahoy, compagnons de mer et de voyage ! Après avoir affronté les vagues chics de Milan, mon périple m’a emmené pendant deux jours sur d’autres rivages d’Italie, où les eaux tranquilles de la culture et de l’histoire m’ont offert des découvertes précieuses. Permettez-moi de vous embarquer pour une nouvelle aventure, cette fois entre deux ports aussi différents que complémentaires : Cremona, la cité des violons, et Genova, la majestueuse reine de la mer.

Cremona : L'Harmonie Silencieuse du Port des Violons

Imaginez un petit port intérieur, loin des tumultes des grandes vagues, où le temps semble s’écouler comme une rivière paisible. Cremona, perchée sur les rives du Po, est cette escale discrète où les marins curieux comme moi viennent se ressourcer. Mais ne vous laissez pas tromper par son calme apparent : sous cette surface lisse, Cremona cache des trésors aussi précieux que des perles de nacre.

C’est ici que Stradivari, ce maître luthier, a façonné des violons dont la réputation a traversé les océans. Les rues de Cremona résonnent encore du souvenir de ces notes cristallines, comme si le vent, soufflant à travers les ruelles, portait en lui l’écho des cordes de ces instruments mythiques. Pour un marin habitué aux chants du vent dans les voiles, découvrir ce lieu est une expérience bouleversante. C’est comme entendre, pour la première fois, le murmure de la mer racontant des secrets anciens.

Mais Cremona n'est pas seulement la terre des violons, c'est aussi une ville où l'opéra trouve une résonance particulière. Le Teatro Ponchielli, du nom du compositeur natif de la ville, est une perle baroque, un navire amarré au cœur de la ville, où chaque représentation est une traversée vers un monde d’émotions et de passions. Il paraît qu’assister à un opéra ici, c’est comme naviguer sur une mer d’harmonie, où chaque note vous porte plus loin dans l’âme humaine. On sort de là le cœur allégé, comme après une bonne tempête où les vagues ont emporté toutes les peines du monde. C’est dans ce lieu que j’ai pu rencontrer Lorenzo Del Pecchia, un assistant artistique charmant et passionnant.

Genova : La Reine des Mers et le Chant des Vagues

Et puis, il y a Genova, la grande cité maritime, la fière capitaine des mers Ligures. Pour un marin comme moi, poser le pied à Genova, c’est comme retrouver un port d’attache, mais avec une grandeur et une histoire qui vous rappellent à chaque coin de rue que vous êtes ici dans un lieu où le vent et la mer ont forgé des destins.

Genova est un labyrinthe de ruelles escarpées, un dédale où chaque pas résonne comme un appel au voyage. Ici, tout parle de la mer : les façades des palais, ornées comme des proues de navires, les chants des pêcheurs qui se mêlent aux conversations des marchands de la Via Garibaldi. C’est une ville où l’horizon est toujours visible, où les vagues viennent lécher les pavés, comme pour rappeler à ses habitants que la mer est leur éternelle compagne.

Mais ne vous méprenez pas : Genova n'est pas seulement une ville de marins. C’est aussi un haut-lieu de la culture, et son opéra, le Teatro Carlo Felice, en est le joyau. Ici, l’opéra n’est pas qu’un spectacle : c’est une tempête d’émotions qui vous prend à la gorge et vous emporte comme une vague en furie. Le chant des ténors et des sopranos y résonne avec la puissance d’une houle, vous submergeant, vous laissant à la dérive dans un océan de sentiments. Les histoires racontées ici sont des récits de marins, d’amants perdus en mer, de capitaines défiant les dieux. En sortant de ce théâtre après avoir rencontré Pierangelo Conte le directeur du lieu, j’avais l’impression d’avoir vécu mille vies, traversé mille tempêtes, le cœur battant encore au rythme des tambours et des cordes.

 Cremona et Genova, deux escales, deux ports d’attache, si différents et pourtant si proches dans l’esprit. L’une, discrète et douce, comme une brise caressant les voiles ; l’autre, fière et tempétueuse, comme un vent d’orage portant l’âme des navigateurs. Ensemble, elles forment un diptyque unique, une invitation à découvrir l’Italie autrement, non par la terre mais par le regard de ceux qui, comme moi, préfèrent naviguer entre les vagues des émotions et des découvertes.

Alors, chers marins et rêveurs, laissez-vous porter par les courants, et faites escale dans ces ports uniques. Vous y trouverez bien plus que des paysages et des monuments : vous y découvrirez un monde de culture où la musique, qu’elle soit celle des violons de Cremona ou des opéras de Genova, vous guidera comme une étoile dans la nuit.

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