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PHENIX, PERROQUETS ET PANACHE

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de Kristian FREDRIC

26 AOUT 2024





De retour du Festival Puccini où j’ai vu le capitaine Daniele Callegari à la barre de l’opéra Tosca, et après avoir accosté notre carrosse motorisé à Mestre, je décide de tenir ma promesse : aujourd’hui, je visite la Fenice.

 

Promesse de marin, ne doit pas se dédire, alors me voilà dans ce lieu magique, les yeux écarquillés comme des hublots devant tant de beautés et de panache. Un vrai vaisseau amiral de l’Italie du treizième siècle, et il en a vu des aventures opératiques, celui-là !

 

Dans l’opéra italien, il y a toujours des drames, et la Fenice n’y échappe pas. Au départ, le théâtre, qui se nommait alors le San Benedetto, a flambé une première fois en 1773. Reconstruit à l’identique, il a ressuscité de ses cendres comme un phénix (ou "Fenice" en italien). Cet oiseau de feu, un peu comme un aigle royal qui aurait piqué une tête dans un pot de peinture dorée, rouge, bleue et rose, est l’incarnation même du décor rococo flamboyant du théâtre. Oiseau légendaire dont on dit qu’il renaît toujours de ses cendres. Et c’est bien le cas, car patatras, non d’un marin d’eau douce, en janvier 1996, il a encore été ravagé par un incendie.

 

Une sombre histoire que l’on se raconte entre mouettes et goélands : ce serait un incendie criminel causé par des électriciens d’une entreprise de maintenance, soupçonnés d'avoir mis le feu au théâtre pour éviter de payer des pénalités de retard. Des flibustiers radicaux, je vous dis ! Même mon perroquet, Roudoudou le Pirate, qui chante comme une casserole en folie, a entendu parler de cette histoire.

 

En parlant de chanter, vous savez que l’une des plus belles voix qu’ait connues ce vaisseau pirate, c’est celle de Maria Callas. C’est une vraie légende ici. Lors de la visite, on découvre des photos d’elle dans ce joyau lyrique. J’adore celle où on la voit se pencher de la fenêtre de sa loge. Avec son sourire radieux, j’ai l’illusion douce qu’elle me salue pendant que je passe sous sa fenêtre en sifflotant un des grands airs de Tosca.

 

C’est l'un de ses rôles dramatiques-fétiches. C’est avec ce rôle qu’elle a fait ses adieux à la scène, dans une mise en scène réalisée spécialement pour elle par le réalisateur italien Franco Zeffirelli. Ces Italiens, ils savent vraiment y faire, côté spectacle ! Tosca, quand je pense qu’elle se jette du haut du château à la fin de l’opéra... Étrange, non, quand on connaît les rumeurs qui courent sur la mort de Maria Callas ?

 

Roudoudou n’a pas eu vent de cette histoire. Sensible comme il est, il serait capable de perdre sa voix. Ce serait encore une curieuse coïncidence. En attendant, je profite de ce voyage à terre pour m’en mettre plein les mirettes. Vous savez quoi ? J’ai même envoyé une missive au capitaine actuel du rafiot. Non d’un mille milliards de mille sabords ! Je viens de recevoir une réponse : il m’accorde une entrevue. Je sais qu’il va bientôt diriger un autre trois mâts la Scala, mais cela va être l’occasion, j’espère, de beaux échanges

Tout excité, avant de quitter la Fenice, je me précipite au guichet, décroche ma bourse et, sans réfléchir, la vide d’un trait pour acheter deux billets pour l’opéra qui se jouera ce jour-là dans les antres du Phénix. Ce sera un diptyque, rien que ça : La fabbrica illuminata de Luigi Nono et Erwartung de Arnold Schönberg.

 

Par les tentacules du kraken ! Il faudra que je pense à troquer mon habit de corsaire pour une tenue adéquate !


 

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