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QUAND DANIELE FAIT VIBRER LES ÉTOILES

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de Kristian FREDRIC

25 AOUT 2024




Le retour au petit matin, après notre plongée dans l’univers de Puccini, à notre chère Osteria Melecchi, ne m’a laissé que peu de répit pour vous conter cette journée exceptionnelle. Imaginez, Tosca, trois actes de pure intensité, enchaînés par deux entractes, une symphonie où la nuit devient le théâtre des passions les plus tumultueuses. Et tout cela ne commence qu’à la tombée du jour. Ainsi, quand Tosca se jette du haut des remparts, la lune, grande spectatrice, est déjà haute dans le ciel, vibrant avec nous sur les dernières notes sublimes de Puccini.

 

On pourrait dire que Tosca est une lunaison entière, une danse de la lune autour de la terre, une ronde d'émotions qui culmine en une apothéose d’éclats stellaires. Chaque fois que j’assiste à cet opéra, je suis emporté, submergé par la force et l’émotion que Puccini parvient à insuffler dans chaque note. Il y a quelque chose de presque sacré dans cette musique, une puissance évocatrice qui transcende le temps et l’espace. Et parfois, souvent même, je ferme les yeux, non pour fuir ce qui se passe sur scène, mais pour plonger encore plus profondément dans ce flot musical, pour m’abandonner entièrement à ce chef-d’œuvre.

 

Mais ce qui fait battre mon cœur de marin mélomane, ce qui m’enivre au point de me faire perdre pied, c’est la présence de Daniele Callegari à la baguette. Ah, Daniele ! Le maestro qui, de son geste souverain, fait vibrer l’univers tout entier. À chaque mouvement, à chaque indication, il tisse un fil invisible qui relie la scène au ciel, les personnages aux étoiles, la musique à nos âmes. Il ne dirige pas seulement, il incarne la musique, il la vit, il la respire, et il nous la transmet, pure, intense, comme un souffle vital.

 

Je me surprends souvent à le suivre des yeux, hypnotisé par sa manière de faire naître des mondes entiers d’un simple geste de la main. Comme un vieux loup de mer fasciné par le sillage d’un navire majestueux, je suis son sillage, emporté par cette houle musicale qui me fait vibrer jusqu’au tréfonds de l’âme.

 

La nuit étoilée, voilà où nous sommes transportés. Chaque étoile, dans ce ciel infini, incarne un destin. Tosca et Cavaradossi brillent d’un amour pur, lumineux, mais voilà qu’à l’horizon surgit une étoile sombre, Scarpia, ce prédateur qui guette, avide de les éteindre. Peu à peu, la force brute du pouvoir cherche à dominer l’amour fragile, à l’éclipser. Le ciel se tend, les étoiles se rapprochent, prêtes à entrer en collision. L’univers tout entier semble retenir son souffle, espérant, dans une naïveté désespérée, que cette tragédie cosmique puisse être évitée.

 

Mais le destin est inéluctable. Lorsque Tosca, dans un acte de désespoir, devient elle-même meurtrière, le calme de la nuit éclate en un Big Bang. C’est une collision fatale, où l’amour et la force s’anéantissent mutuellement, laissant le ciel, autrefois étoilé, vidé de toute lumière. La nuit, qui brillait de mille feux, s’effondre dans un silence assourdissant, emportant avec elle le rêve fragile d’une éternité.

 

Regarder Daniele diriger cette œuvre, c’est comme assister à une peinture en mouvement, une fresque vivante où chaque coup de pinceau est une note, où chaque geste du maestro est une nuance nouvelle qui éclaire un coin sombre de l’âme humaine. Il navigue à travers ces eaux tumultueuses, trouvant dans ce chemin sinueux un souffle qui le guide, une force qui lui permet, à son tour, de laisser une trace indélébile dans le ciel étoilé de cette nuit.

 

Et quand, à la fin de ce voyage cosmique, Daniele salue, entouré de toute l’équipe, aux côtés du metteur en scène Pier Luigi Pizzi, sous le ciel étoilé de Torre del Lago, je ne peux m’empêcher de penser à Don Quichotte et Sancho Panza. Mais ici, il est clair qui est celui qui, avec une passion dévorante, pourrait se sacrifier, se déchirer pour atteindre, au péril de son âme, cette étoile inaccessible qui brille, là-haut, dans l’infini du ciel nocturne. Daniele, dans ce geste final, dans ce salut empreint de modestie et de grandeur, est ce chevalier des temps modernes, guidé par une étoile qui ne s’éteindra jamais.


 

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