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UN SOUPIR DE CHALEUR SUR LES PAVES FROIDS

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

10 septembre 2024



La fin de notre épopée romaine se déroula dans une scène digne d'un grand péplum, avec une touche de comédie absurde. Nous nous trouvions, tels des gladiateurs modernes, confrontés à la bête redoutable de la grève des trains. En ce jour fatidique, les panneaux d'affichage se mirent à clignoter comme des augures capricieux, nous révélant des messages aussi cryptiques que ceux des oracles antiques. Les voyageurs se massaient en grappes, englués dans une attente interminable où l'espoir se mêlait à la désespérance.

 

Les voix des foules se confondaient dans un murmure assourdi, comme un chœur tragique déclamant une ode aux vertus de la patience. Et pourtant, dans ce chaos orchestré, une douceur poétique flottait dans l'air. Les délices de Rome, comme une douce étreinte, nous semblaient hanter encore, ajoutant une touche de mélancolie à ce tableau déjà surréaliste. La ville éternelle nous avait pris dans ses bras, ne nous laissant pas tout à fait partir sans un dernier baiser de lumière dorée, un soupir de chaleur sur les pavés froids.

 

Lorsque notre carrossa – quel mot magnifique pour désigner le wagon de train ! – se dévoila enfin, nous nous y installâmes comme dans un cocon poétique. La langue italienne, si légère en apparence, se révèle en réalité un véritable orchestre de sentiments. Ses mots volent dans l'air avec une grâce presque aérienne, mais chacun porte en lui une force et une nostalgie poignante.

 

Comme pour exemple les vers de Leopardi, ce grand poète italien qui savait si bien capturer la beauté et la tristesse. Enveloppés d'une mélancolie sublime, ils résonnent avec une intensité qui nous touche au plus profond de notre être.

 

"Sempre caro mi fu quest'ermo colle,

E questa siepe, che da tanta parte

Dell'ultimo orizzonte il guardo esclude." (*)

 

(*) Toujours cher me fut cette colline solitaire, / Et cette haie, qui exclut de tant de côtés / Le regard vers l'horizon ultime.

 

En route vers Venise, notre prochaine destination, où l'opéra à la Fenice nous attend, et la Biennale d'Art Contemporain promet de nous émerveiller, nous nous laissons porter par la magie du voyage. Les paysages défilent comme des tableaux vivants, chaque scène peignant une nouvelle facette de l'Italie. Le métissage culturel, la richesse des échanges, et la beauté des croisements font de ce voyage une ode à la diversité. En ces temps où certains cherchent à dresser des murs, nous célébrons l'inclusion et l'ouverture.

 

La fascination que nous éprouvons pour Rome ne nous quitte pas. Cette ville, avec sa culture si riche et envoûtante, nous pousse à en vouloir encore plus. Nous prenons donc une décision radicale : retour à l'école. Oui, nous avons décidé de nous plonger dans l'apprentissage de l'italien.

 

La perspective de retrouver les bancs de l'école et de redécouvrir le bonnet d'âne me remplit d'une terreur charmante. Je sens déjà le poids des manuels sur mes épaules, et les récitations devant une classe attentive. Mais alors que nous nous préparons pour cette nouvelle aventure, l'idée même de retourner à l'école nous fait sourire. Cette décision, bien qu'intimidante, est empreinte d'une joie sincère.

 

En effet, chaque retour aux sources, chaque moment passé à apprendre, est une nouvelle chance de mieux comprendre et apprécier ce que nous avons découvert. Ainsi, sous la douceur de la lumière vénitienne, nous nous lancerons dans cette nouvelle aventure avec la même curiosité et le même émerveillement qui nous ont guidés jusqu'ici. Et peut-être, tout comme Pinocchio qui se transforme en garçon, nous aussi, à travers cette quête, nous deviendrons des étudiants italiens accomplis, prêts à embrasser encore plus pleinement la beauté de cette langue et de cette culture.


 

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