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ÉPISODE 3 – LE TRAIN MILAN–PAVIA, OU COMMENT UN PERROQUET SÉDUCTEUR MET LA LOMBARDIE SENS DESSUS DESSOUS

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO II

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

Octobre 2025



© Soolee


J’atterris à Milan encore sonné. Roudoudou, lui, était dans un état euphorique, comme si le simple fait de m’avoir retrouvé lui avait donné des ailes supplémentaires. Il bondissait sur mon épaule, descendait, remontait, piaillait, insultait les panneaux de signalisation en les accusant de “ manque d’ambition typographique ”, bref : il était dans sa forme olympique.


Nous montâmes dans le train pour Pavia. Je m’installai, sortis mon petit manuel italien, déterminé à réviser mes phrases de survie pour mes retrouvailles avec Francesco, le directeur du théâtre :

— “ Sono felice di rivedervi.”

— “ La produzione sembra magnifica. ”

— “ Non c’est pas le bon accent, recommence.


Je m’entraînais donc à rouler les r avec la ferveur d’un ténor en herbe… lorsque soudain, je remarquai que Roudoudou n’était plus sur mon épaule.

Je levai les yeux. Et je le vis. Au wagon-bar.


… lunettes de soleil sur le bec.… posé sur le comptoir comme un dieu antique.… entouré de trois Italiennes absolument captivées. Il leur racontait je ne sais quelle histoire rocambolesque, ponctuée de cris, de battements d’ailes, de rires, de clins d’œil.

— “ Signorinaaa… sapete… io sono stato il consigliere segreto del maestro Fellini… ”

— “ Questo non è vero, ” murmurai-je depuis ma table.

— “ Et j’ai inspiré un opéra entier à Mascagni ! ”

— “ N’importe quoi, ” grognai-je.

— “ Et je connais personnellement trois papes ! ”


Les Italiennes éclataient de rire. Elles prenaient des selfies. Elles lui offraient des ristretti. QUATRE ristretti.

Roudoudou, dopé à la caféine comme un sprinter colombien, commença à parler si vite qu’on aurait dit un poète futuriste sous amphétamines.

Puis soudain… Arriva le contrôleur. Un homme massif. Impressionnant. Avec des sourcils capables de menacer un wagon entier.


Il vit Roudoudou. Il pâlit. Puis hurla :

— “ ANIMALE NON AUTORIZZATO ! ”


Roudoudou cria :

— “ On ne m’attrapera jamais vivant ! ”

Et il partit à toute vitesse dans le train. Le contrôleur se lança à sa poursuite, jurant en italien à chaque siège heurté :

— “ Te lo giuro, pennuto maledetto, ti arrostisco nel forno del ristorante !!! ”


Les passagers hurlaient. Certains se levaient. Une vieille dame criait “ Santissima Madonna ! ” en serrant son sac.

Un enfant applaudissait.


Moi, mort de honte, je me levai lentement. Je vis Roudoudou bondir dans les toilettes. Le contrôleur tenta de l’y suivre.

Un grand fracas. Un cri. Une explosion de plumes. Puis un silence.

La porte des toilettes s’ouvrit. Rien. Plus de perroquet.


Un murmure à mon oreille :

— “Capitaine…Tu ne te débarrasseras pas de moi. Pas cette fois.”


Je regardai le plafond. Il n’y avait rien. Rien que le sentiment — terrifiant — qu’il pouvait surgir à n’importe quel moment.

Le train ralentit. Pavia approchait. Je me tins prêt. Une nouvelle aventure commençait.


Et Roudoudou…

lui aussi.


 

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