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TRESORS ET ILLUSIONS

L'EPOPEA DELL''ERASMUS, UN CORSARO DI CARAVAGGIO !

Chronique de KRISTIAN FRÉDRIC

18 septembre 2024


Ah, arpenter les canaux et les ruelles de la ville, franchir pont après pont, c'est un peu comme une chasse au trésor sans carte mais avec beaucoup de coins et recoins. À chaque tournant, on espère tomber sur une œuvre d'art aussi précieuse qu'un coffre rempli de doublons d'or. C'est comme si on se retrouvait dans un roman de Stevenson, sauf qu'ici, au lieu de pirates, on croise des artistes en quête d'originalité.

 

Alors, je m'encourage moi-même : "Allez, moussaillon, ne faiblis pas ! Sois aussi vaillant que ce bon vieux Jim

Hawkins !" Trois jours à braver cette tempête artistique, c'est un vrai parcours du combattant, mais ça vaut le détour.

 

Me voilà donc sur la Riva Degli Schiavoni, l'épicentre de cette chasse aux trésors modernes. Je pousse une porte avec autant de suspense qu'un chapitre de Stevenson, et là, après avoir affronté des cercles nuageux et des éclats de lumière dignes d'un feu d'artifice, je tombe sur... un masque d'or ! Ses traits féminins me fixent avec une telle intensité que je me demande si j'ai enfin trouvé le trésor tant convoité. Un trésor caché par des marins en exil, bien sûr !

 

Mais non, pas de jambe de bois qui claque au sol, pas de "yo-ho-ho" dans l'air. Ce ne sont pas les cliquetis des chaînes de Long John Silver qui me ramènent à la réalité, mais le bruit de mes propres pas. Curieux, je m'approche et découvre que ce masque mystérieux n'est en fait qu'une illusion parfaite, composée de simples petites cuillères empilées. Oui, des cuillères ! J'en rigole encore. Bravo l'artiste, l'illusion était tellement parfaite que je me suis presque pris pour un pirate.

 

Et ce voyage en terre d'Oman, en compagnie de Malath – Haven, m'a laissé sur ma faim, mais agréablement surpris. Comme quoi, la vraie magie de cette biennale, c'est de transformer des petites cuillères en fabuleux trésors.







Au-delà des illusions qui vous jouent des tours et des facéties qui vous font sourire, ce qui m'a vraiment touché aujourd'hui, c'est l'exposition de Peter Hujar intitulée « Portraits in Life and Death ». Là, pas de chichis, pas de fioritures : juste une confrontation brute entre deux mondes, celui des vivants, représenté par des portraits du milieu avant-gardiste de New York dans les années 70 et 80, et celui des morts, avec les squelettes des Catacombes de Palerme.

 

Imaginez un instant : ces artistes, musiciens, écrivains, tous figés dans le temps, leurs regards empreints de la vivacité de la vie urbaine, face à ces ossements silencieux, vestiges d'une humanité passée. C'est comme un face-à-face entre la vie qui claque des talons et la mort qui murmure à l'oreille. Impossible de ne pas penser à ma première rencontre avec les portraits de Vélasquez au Grand Palais à Paris. Ces regards, si profonds, si percutants, semblent traverser les siècles pour dialoguer avec ceux de Hujar. Même les squelettes de Palerme, avec leur sourire énigmatique, semblent se joindre à la danse macabre.

 

À la fin de cette journée, alors que le marin que je suis déambule dans les ruelles silencieuses de Venise, la nuit s'installe doucement. Le silence est presque palpable, comme si les fantômes de ces portraits allaient surgir au détour d'une rue, prêts à m'accompagner dans cette balade nocturne. C'est dans ces moments-là que l'art vous parle, vous chuchote des histoires d'autrefois, et vous laisse avec une étrange sensation d'avoir voyagé bien plus loin que vous ne le pensiez.




Photos Peter Hujar - CATACOMBE PALERME 1963 - DIVINE 1975 - KENNETH KING 1975 - PALERME CATACOMBE 1963


 

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